Alors que le XXI ième siècle a relégué la pierre et son univers au classicisme, les rendant obsolètes pour la création contemporaine , Angélique Jung , faisant fi de cette mise au placard d’un matériau « trop »noble et loin des courants de mode, s’applique à créer en calcaire.
Loin de l’image d’Épinal du tailleur de pierre qu’on aime lui calquer pour réduire son travail à un geste artisanal, ses recherches affirment qu’entre Rodin/Brancusi et Duchamp, tout un champ lexical pierreux de la sculpture a été laissé à l’abandon et qu’il serait temps d’y cultiver de nouvelles approches.
Angélique Jung travaille le calcaire depuis vingt ans. Elle a expérimenté tous
types de pierres tendres et dures. Désormais elle sculpte des pierres locales, soit la pierre de Jaumont et la pierre de Savonnières.
Toutes les sculptures sont taillées exclusivement à la main. En cette époque où la machine remplace progressivement les hommes dans toutes leurs activités, il lui était essentiel de préserver un savoir-faire manuel, malgré le souci de rentabilité et de vitesse si cher au 21ième siècle.
Pour rendre la pierre plus vivante, elle la peint avec des pigments
naturels provenant de la dernière pigmenterie de France. Ce n’est pas une technique qu’elle a inventée puisque au moyen-âge, l’intérieur des églises était peint, les chapiteaux et les colonnes aussi.
Elle travaille aussi la terre, la céramique et le plâtre.
« La chanson du printemps » d’après Jules Bastien-Lepage
« PUISQUE LA VIEILLESSE A MAUVAISE PRESSE »(2020), nouvelle série qui a pris naissance lors de la période de confinement.Montrons et honorons cette vieillesse cachée et si peu représentée , écrasée sous le diktat de l’éternelle jeunesse.
Bustes en pierre de Savonnières,2020
« C’est qui, qui manque de respect à la vieillesse? » Terre et pierre
« Confinement » terre cuite et pierre
« Les femens-mémés » terre cuite
« COVID-19 »
« Covid-19 » terre et soleil , 2020
« L’Homme d’après? » Terre, pierre
« MéTAMORPHoses »
Après « Les expressions populaires » et « Les p’tites bonnes femmes », « MéTAMORPHoses » cette nouvelle série de sculptures se propose d’explorer l’humain et ses possibles métamorphoses dans le monde contemporain. Jusque récemment les hommes-animaux peuplaient nos imaginaires : les Fables de La Fontaine, « Rhinocéros » de Ionesco, « L’albatros » de Baudelaire, de nombreux artistes se sont servis de l’animalité pour parler de l’humanité. A l’heure où les espèces animales sont en voie d’extinction, où le monde vivant est en danger, que reste-t-il à l’humain pour se raconter ? Pour se transformer ? Dans le règne de l’objet-roi et de la consommation excessive, quelles sont les métamorphoses imaginables pour l’espèce humaine ? L’humain est-il finalement devenu une marchandise comme les autres ?
Autant de questions qui alimentent cette nouvelle recherche.
« Smartphemme et smartphomme »
« Tête dans les livres »
« Vallée de larmes »
« Une nuit »
« Cœur en métamorphose »
« Histoire de poils »
« La main dans tous ses états »
« Le pied dans tous ses états »
« Botte de 7 lieues »
« LES P’TITES BONNES FEMMES »
Les « P’tites Bonnes Femmes » sont nées d’un besoin de montrer la
condition féminine dans le regard d’ une femme. L’histoire de l’art regorge de représentation de femmes idéalisées dont le corps magnifique est la quintessence de la Beauté, de la séduction et sa formation en sculpture classique ne démentait pas cette évidence.
Cependant, selon son point de vue de femme, nous sommes bien plus qu’un objet du désir, nous sommes des sujets, ce qui suppose que nous ayons une histoire, une vie à raconter.
C’est ainsi que dans la pierre apparaissent des femmes poilues, des femmes avec le coeur sur la main, des femmes puzzles, des femmes qui se recousent….etc.
Loin des stéréotypes du diktat de la beauté elles offrent une alternative au carcan auquel toutes les femmes sont sommées de se conformer « Sois belle, mince, jeune et sans cervelle! ».
Tantôt vieille ou jeune, tantôt gaie ou triste, elles ne sont que le témoin d’un univers singulier où la différence n’est plus un symptôme d’exclusion mais bel et bien une diversité qui rend le monde plus supportable et plus beau, tout ceci en couleur et avec humour.
« En attendant Pygmalion » (Pig?Malion) Pierre de Savonnières peinte, taille directe, 2018 Vue de l’expo Cabinet de Curiosités, Musée de la Bière
« Les expressions populaires »
Installation.(plâtre et déchets)